La réforme Biden annonce une nouvelle forme de mondialisation, selon l’économiste Gabriel Zucman.
Élu après avoir promis de faire en sorte que les riches assument une plus large part du fardeau fiscal collectif, le nouveau président américain ne se contente pas de vouloir annuler au moins une partie des baisses d’impôt des plus riches et des entreprises accordées par son prédécesseur.
Joe Biden veut doubler (de 10,5 % à 21 %) l’impôt minimum sur les profits que les multinationales américaines enregistrent à l’étranger et souvent artificiellement dans les paradis fiscaux. Il en appelle aussi à ce que les autres pays adoptent la même approche, sans quoi les États-Unis s’arrogeront le droit de percevoir auprès des compagnies étrangères la différence entre ce taux minimum de 21 % et les impôts au rabais que les autres gouvernements leur accordent.
Ainsi, une multinationale étrangère qui paierait dans le monde l’équivalent de seulement 5 % d’impôt sur l’ensemble de ses profits serait considérée comme ayant un « déficit fiscal » de 16 % que les États-Unis pourraient lui réclamer en proportion de l’importance du marché américain dans son chiffre d’affaires.
Au-delà des recettes fiscales de 2500 milliards sur 15 ans que Washington pense pouvoir en tirer, sa nouvelle approche à l’égard des multinationales pourrait « nous faire basculer très vite dans une autre forme de mondialisation qui réconcilierait les peuples avec l’ouverture économique internationale », fait valoir Gabriel Zucman. Elle couperait l’herbe sous le pied aux paradis fiscaux et à la concurrence fiscale à la baisse dans laquelle se sont engagés presque tous les autres pays, souvent malgré eux.
